Bande-annonce des spectacles
Retrouvez toutes les informations, dates et tarifs dans la brochure de saison téléchargeable en PDF.
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Sortir des attitudes convenues, se « mettre en exil de la langue commune » dirait Jeanne Benameur, pour aller rechercher sa langue singulière et partager avec d’autres – qui eux aussi ont leur langue singulière – cette terra incognita de nos êtres, autrement dans la désolation.
Il faut un peu de courage au début pour sortir du conformisme, des ornières de la routine et des boulevards du prêt à penser. La peur –ah cette vilaine conseillère ! – nous y maintient bien au chaud, réclamant toujours davantage de sécurité à l’intérieur comme à l’extérieur. Cette quête pourtant légitime de confort, finit toujours par étouffer ce qui fait notre singularité d’humains : notre créativité, notre soif d’ouverture et de rencontre. Sans compétition, sans comparaison, sans soumission, ni domination. Juste l’être humain étonné de sa « grandeur » et de celle des autres, désirant éperdument échanger, donner ce qu’il est, ce qu’il a et recevoir pareillement en retour.
Utopie de bisounours ?
N’est-ce pas cet aller-retour, cette envie profonde de donner et recevoir, ce besoin impérieux d’aimer et d’être aimé qui fait tourner le monde ? Mais il semble bien que ce petit monde ne tourne pas rond. Peut-être parce qu’il néglige ces lois fondamentales, en les tordant jusqu’à l’indécence, victime de ses ombres enfouies, hypnotisé par les mirages de l’avoir, du pouvoir et du savoir, comme si l’histoire ne nous montrait pas l’impasse de ces impostures !
Bien malin qui s’aventurera à indiquer une voie – hormis ceux qui réclament la nôtre, de voix ! Nous voyons bien que la science, indispensable alliée, ne peut qu’apporter son humble contribution, tout comme l’économie qui ne devrait que suivre et non précéder. Quant au politique, nous n’avons rien à en attendre pour l’heure -rester vigilant, par contre- L’éducation ? « Le plus grand désastre des pays développés » disait Michel Serres. Les religions…?!!
Reste un champ encore assez vierge – malgré les tentatives récurrentes de le domestiquer et celles récentes de le marchandiser – c’est celui de l’art et de la culture. Non pas celui qui nous distrait de nous-même, mais celui qui nous y ramène ; c’est ce champ que nous cultivons ici à la Grange Théâtre. Chacun peut s’y retirer, « s’exiler », le temps d’une soirée, d’un atelier ou d’un stage. Autant d’occasions pour sortir du quotidien, contempler, se questionner, vibrer ensemble. Et quand cette mystérieuse alchimie s’opère – dans une pratique, un spectacle, un poème, un chant, un tableau…- l’actualité bouleversée, chaotique parfois de nos vies et du monde qui nous entoure, prend chair devant nous et ce faisant se transforme, s’élucide et nous rend à nous-mêmes, vivants, libres, capables à nouveau d’être en lien, de réinventer, de ré-enchanter le monde.
Hervé Monnerais